Le fleuve gronde.
Il percute la noirceur de ses berges glissantes.
Il ne sait plus sa route, trop à contenir de tout ce qu'il charrie.
Etouffé dans des murs imposés pour le canaliser.
Contraint d'ingurgiter trop de rejets, de détritus
de boues malodorantes, de cadavres engloutis.
Le fleuve se tord dans ses méandres de douleurs,
grimace aux odeurs des vases moribondes
D'un lit paisible pour ses eaux aux limpides douceurs
cherchant les étendues du bleu salé des vastes profondeurs.
Le fleuve ne sait plus,
trop enfermé dans ses fonds engorgés.
dans des remous visqueux d'eaux lourdes qui s'y noient.
Ou est la transparence de la source jaillissante.
Quand encore vierge de ce qu'il traverserait,
Le fleuve juste ru allait donner la vie
et recouvrir de ses crues nourrissantes
la plaine fertilisée de ses limons offerts.
Ou sont ses belles espérances quand il offrait encore crédule
l'abondante nourriture à ceux qui l'auront tué.
Quand dans sa course folle, il était arrêté par les digues bétonnées.
privé de sa vitalité en flaques croupissantes
ou les rejets humains allaient l'anéantir.
Gilles BARP - 2015