top of page
Ancre 1

Les Ames

 

 

Comme des robes déchirées, en lambeaux qui se hissent, elles s'accrochent à une autre naissance.

Elle n’ont plus d’âge.

Jeunes, vieilles,

qu’emportent les fragments de leur existence décousue.

Elles ont su trop tôt, vu trop fort, fui trop vite.

Et la poussière les rattrape, les happe et pénètre leurs gorges sèches.

Elles se sentent emplies, pleine des gravas de leur vie.

Vacillantes ou sereines.

Elles tombent. Elles tombent mais ne cèdent pas.

C'est demain qu'elles s'offriront à d'autres regards pour se défaire de ce qu'elles trainent dans leur sillon d'écumes.

Ces ombres défuntes ont crié leur souffrance

dans les entrailles d'une terre qui regorgent de ces âmes en détresse.

Ne les regardez pas.

Elles sont sans nous, elles sont c’est tout.

La lumière les trahit de leur inexistence. Prenez-les dans vos bras tendus, une fois, une fois seulement. 

Leurs mains viendront un jour pétrir nos épaules.

Un soir, leurs joues étreindront nos os broyés.

Ne vous inquiétez pas.

Elles sont les gardiennes de nos peurs, de nos pleurs,

de nos vies blessées que nous oublierons

 

 

Gilles BARP - 2013

bottom of page