Dans ce lointain aux échos de silence,
les pailles brunes jonchent la terre griffée.
Le soir se dessine en longues fumerolles
qui se noient dans le ciel rougeoyant.
C’est la fin d'une journée de labour.
quand la moisson offre ses restes perdus.
Ils seront pour ces femmes.
au dos cassé, meurtrie dans leur misère.
Elles attendent que les gerbes s’éloignent.
Ces grains de blé sur la chaume brûlée
seront glanés par ces mains fatiguées.
Maigre salaire des ouvrières des champs
qui comme seul droit pour leurs enfants
rempliront leur besace de ce blé oublié.
Droit concédé pour ces femmes sans revenu,
elles trouveront peut-être ici le pain d'un soir.
Sous le regard du maître que l'horizon dessine.
Maigre pitance, unique don qu'il leurs accordera.
Elles se dépêchent et leurs yeux cherchent la graine,
l’épis que l'oiseau n'aura pas chapardé.
Pas à pas, elles s'éloignent du village,
sacs alourdis du désespoir, d'une vie laborieuse.
Au seul droit acquis d'espérer que demain sera mieux.
Le blé est récolté, né des sillons que les hommes de ces femmes
auront durement creusé pour seul droit d’exister.
Et ses charrettes bondées iront dans les greniers des maîtres.
Gilles BARP - 2016